L’écologiste planétaire Liet Kynes, l’un des protagonistes du roman Dune de Frank Herbert, n’aurait pas pu tenter l’exercice auquel nous pouvons nous adonner.
Car dans son monde, les machines à l’image de l’esprit humain sont proscrites.
Comment transformer le désert en paradis vert ?
Je me suis livré à cet exercice en mobilisant l’IA.
Et je dois admettre que le résultat m’a paru assez bluffant.
Outre le fait de proposer des solutions (pour l’instant, uniquement techniques, je n’ai pas inclus d’itération à caractère sociologique), cet usage de l’IA « pour faire le bien » me semble tout de même assez inspirante.
Naturellement, il est possible de rester très nuancé sur tout ce qui est proposé. Dans la trilogie de Mars de Kim Stanley Robinson, les partisans de la conservation de la planète en l'état s'opposent aux techno-solutionnistes qui visent à la terraformer.
L'humain peut-il décider de modifier un environnement donné de son propre chef ?
Je vous laisse juger. Voici ce qui a été proposé par l'IA.
Comment procéder pour reverdir le Sud de l'Arabie Saoudite à proximité des rivages de la Mer Rouge ?
1) Partir du sol et de l’eau (diagnostic rapide mais robuste)
• Zonage hydromorphologique : distinguer sabkhas/salins, vasières intertidales, deltas de oueds, piémonts, et tissus urbains côtiers. Les sabkhas restent en no-go (risque salin), les deltas et marais arrière-mangrove sont prioritaires. Mangrove native Avicennia marina = espèce pivot en Mer Rouge.
• Climat & épisodes pluvieux : régime très aride avec pluies irrégulières mais des pics saisonniers (été–automne) sur Jizan/Aseer, parfois intenses → fort ruissellement bref, intéressant pour la recharge/harvesting.
• Eau non conventionnelle : hiérarchiser 1) eaux usées traitées (EUT), 2) harvesting des crues/nebkas/ouvrages de piégeage, 3) dessalement alimenté au PV. Les EUT sont encadrées par des normes nationales (qualité selon usages).
2) Trois ceintures écologiques complémentaires
A. Ceinture bleue (littoral) — “réparer et étendre la nature qui fabrique l’eau”
Restauration/extension de mangroves (Avicennia marina) en récifs artificiels bas, fascines et clayonnages pour calmer la houle, + petites diguettes semi-perméables en palplanches bois/bambou :
- Démarrer sur sites pilotes (îlots, anses abritées), planter en damier, densité 0,5–1,5 plants/m², plants locaux.
- Ajouter apports organiques (mulch d’algues, compost marin) quand sédiments sont pauvres en N/P ; viser aussi la conservation des sols de mangroves (fortes retombées “blue carbon”).
Marais salés/lagunes de polissage : bassins en chaîne recevant les EUT urbaines (niveau tertiaire/UV) → élimination nutriments avant rejet/irrigation de ceinture verte.
Gestion du dessalement (si nécessaire) : alimentation PV + diffuseurs en mer ou cristallisation/halite ponds pour la saumure ; pas de déversement direct sur mangroves/coraux. (Bon à savoir : la productivité et le stockage carbone des mangroves de la Mer Rouge sont contraints par nutriments et salinité — d’où l’intérêt du polissage contrôlé, pas d’eutrophisation.)
B. Ceinture verte (péri-urbaine & piémont) — “verdir là où les gens vivent”
Boucles grises : arrosage des parcs, allées ombragées, agroforêts urbaines via EUT (réseaux violets). Irrigation goutte à goutte enterrée + capteurs d’humidité. Respecter la séparation “comestible/non comestible” et la qualité requise. (ScienceDirect)
Palette végétale native/robuste (pas d’invasives !) :
- Arbres : Ziziphus spina-christi, Vachellia/Acacia tortilis, Faidherbia albida (si sols profonds), Tamarix (à gérer), Salvadora persica, Moringa peregrina, palmiers dattiers sur zones douces en sel.
- Arbustes/herbacées : Atriplex spp., Haloxylon, graminées xériques. (Dominance d’acacias dans l’Ouest saoudien documentée.)
Design urbain bioclimatique : rues “cool corridors” (ombrage + albédo + brise-vents), toitures claires + toitures végétalisées extensives (substrat minéral, irritation minimale), patios végétalisés avec évapotranspiration contrôlée.
C. Ceinture brune-verte (oueds & arrières-côtes) — “capturer chaque millimètre de pluie”
- Water harvesting à bas coût : demi-lunes, micro-bassinets, bunds de contour, murets pierre sèche, seuils en gabions sur thalwegs → infiltration locale + protection anti-érosion. (FAO : prescriptions et domaines de validité en zones 200–750 mm/an ; adapter gabarits à Jazan/Aseer.) (FAOHome)
- Forêts sèches dispersées (“woodlots”) sur lignes de niveau + haies brise-vent orthogonales aux vents dominants (poussières/sels).
- Recharge dirigée (MAR) : tranchées d’infiltration sablées, puits d’orage, mares colmatées végétalisées en amont des villes.
3) Irriguer sans saliniser
- Priorité EUT → goutte enterrée → paillis minéral/organique (biochar local, broyat de taille, roches sombres pour rosée).
- Déficit maîtrisé (70–80 % ET₀), cycles d’arrosage nocturnes, lessivage périodique si CEe ↑.
- Suivi CE du sol (capteurs, carottages) + cartes de conductivité apparente (EM/ERT) annuelles.
4) Ingénierie écologique des sols (booster la résilience)
- Briser croûtes physiques, incorporer biochar et compost en micro-doses, inoculer mycorhizes et, sur sites sableux nus, biocroûtes cyanobactériennes (fixation C/N, anti-déflation).
- Fascines/sand fences temporaires pour capter le sable et stabiliser les jeunes plants.
5) Énergies renouvelables & service des écosystèmes
- PV/éolien côtier pour pompage/UV des EUT, capteurs et télé-contrôle ; dessalement RO à facteur de récupération élevé si besoin ponctuel.
- Blue/green carbon : comptabiliser les gains (mangroves/sols) mais rester réaliste : les mangroves de Mer Rouge ont des puits de carbone plus modestes que les moyennes tropicales → l’objectif n°1 reste l’adaptation microclimatique et la protection côtière.
6) Gouvernance & acceptabilité
- Cadre réglementaire : s’aligner sur les réglementations saoudiennes EUT (licences, usages, qualité, délais d’épandage des boues), et tracer la qualité. (FAOLEX)
- Participation locale (pêcheurs, agriculteurs, tribus) : pépinières natives décentralisées, contrats de maintenance (paiement à la survie des plants).
- Éviter les espèces à risque (ex. Prosopis juliflora, invasive) ; privilégier lignées locales.
7) Déploiement en 3 phases (10 ans)
Phase 0–1 (0–18 mois) — pilotes instrumentés
• 3 sites mangroves (~10–20 ha chacun) + 2 corridors verts urbains (réseaux violets) + 5 micro-bassins/ouvrages de harvesting en piémont.
• Baseline sols/eau/biodiv ; protocoles de plantation/irrigation ; tableau de bord.
Phase 2 (18–48 mois) — montée en charge
• Extension mangroves vers deltas d’oueds, ceintures vertes le long des axes de mobilité, 100–200 ha de woodlots sur courbes de niveau ; boucles EUT à l’échelle de quartiers.
Phase 3 (4–10 ans) — systématisation
• Connexion des trames (bleue/verte), généralisation de l’EUT, intégration aux documents d’urbanisme (setbacks littoraux, zones d’expansion des crues, trames ombragées).
8) Indicateurs décisionnels (KPI)
• Survie / croissance des plantules (% à 12/24/36 mois).
• Besoins en eau (m³/ha/an) vs EUT disponible.
• CEe (dS/m) et Na⁺ échangeable des 0–30 cm.
• Température de surface (LST) et îlot de chaleur urbain (∆°C).
• Poussières PM₁₀ (stations routières) et énergie PV produite (MWh).
• Biodiversité : oiseaux d’eau/macrofaune benthique (littoral), pollinisateurs (piémont).
9) Pourquoi ça marche ici ?
• On capitalise les pics de pluie (même rares) en amont via du génie civil low-tech FAO, on valorise massivement l’EUT sous normes, et on restaure les mangroves comme bouclier littoral/climatiseur naturel — en gardant des attentes réalistes sur le carbone de ces mangroves en Mer Rouge.
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Que peut-on faire à partir du sel de dessalement ?
La saumure issue du dessalement est un enjeu majeur en Arabie saoudite et sur toute la Mer Rouge : 1 m³ d’eau douce produit ≈ 0,5 à 1 m³ de rejet concentré en sel, souvent 2× plus salé que l’eau de mer d’origine. Traditionnellement, cette saumure est rejetée directement, ce qui affecte coraux et mangroves. On parle aujourd’hui de “brine mining” ou “valorisation intégrée du sel”.
Voici les principaux axes possibles :
1) Extraction de matières premières
La saumure contient plus que du NaCl. On peut en extraire :
• Chlorure de sodium (NaCl) → sel alimentaire, sel industriel, traitement de routes, alimentation animale.
• Magnésium (Mg²⁺) → alliages légers (automobile, aéronautique), traitement des fumées, engrais.
• Calcium (Ca²⁺, gypse, chaux) → ciment, plâtre.
• Potassium (K⁺) → engrais potassiques.
• Lithium (Li⁺) → batteries (en faible teneur dans la Mer Rouge, mais exploitable par technologies membranaires avancées).
• Métaux traces (strontium, rubidium, uranium) selon viabilité économique.
👉 Des projets pilotes existent déjà dans le Golfe : Saudi Saline Water Conversion Corporation (SWCC) a étudié la récupération de lithium et de magnésium à partir des saumures.
2) Matériaux de construction
• Briques de sel comprimé : déjà utilisées dans certaines régions (y compris projets artistiques et prototypes d’architecture).
• Cristallisation contrôlée → gypse, halite, sel compacté intégrés à la fabrication de carreaux, briques ou blocs décoratifs.
• Ciment géopolymère dopé au sel (expérimental) → utilisation comme charge minérale.
3) Chimie & industrie
• Soude caustique (NaOH) et chlore (Cl₂) par électrolyse → base de toute l’industrie chimique (plastiques, solvants, désinfectants).
• Magnésium hydroxide → neutralisation d’effluents acides.
• Sel pour batteries sodium-ion (voie de substitution aux batteries lithium-ion).
4) Agriculture & écologie
• Pisciculture/mariculture : bassins de polissage de saumure avec crevettes, algues halophiles, Artemia.
• Culture halophyte (plantes tolérantes au sel : Salicornia, Atriplex, Spartina). Certaines produisent biomasse ou huile pour agrocarburants.
• Evaporation solaire contrôlée → étangs salins multifonctionnels (biodiversité, tourisme, production de sel).
5) Valorisation énergétique
• Conversion électrochimique : utiliser le gradient de salinité (osmose de pression retardée ou électrodialyse inverse) pour produire de l’électricité.
• Stockage thermique : sels fondus (mélanges NaCl-KCl-MgCl₂) comme fluide caloporteur dans les centrales solaires à concentration (CSP).
6) Applications locales (Sud de l’Arabie, Mer Rouge)
• Carrières de matériaux : blocs de sel pour architecture vernaculaire ou structures temporaires (à condition de bien gérer l’hygroscopicité).
• Tourisme : lacs salins artificiels attractifs (type Mer Morte, mais en plus petit).
• Neutralisation écologique : diluer la saumure avec effluents de stations d’épuration (après traitement tertiaire) → ajustement de salinité utile à la mangrove (qui tolère mais n’aime pas les pics >50 ‰).
En résumé
Le sel de dessalement n’est pas un déchet inerte :
• ressource industrielle (chimie, matériaux, batteries),
• ressource agricole (halophytes, aquaculture),
• vecteur énergétique (sels fondus, osmose),
• et parfois ressource culturelle/paysagère.
La clé, c’est la concentration progressive par évaporation solaire et la séparation sélective des ions via membranes ou précipitation contrôlée. Cela permet de passer du problème environnemental (rejet nocif) à une filière économique circulaire.